23 novembre 2017


Amanda Castillo

Comment réveiller le génie qui sommeille en vous


Dans «Le coup de génie», un livre récemment paru aux Editions Slatkine, Jean-Marc Guscetti détaille les étapes de l’émergence du génie


Et si nous étions tous des génies en puissance? C’est ce qu’affirme Jean-Marc Guscetti dans Le coup de génie, s’inspirer des grands génies pour développer sa créativité et son leadership, un livre qui vient de paraître aux Editions Slatkine. «On pense souvent que les génies sont de grands savants dotés d’une intelligence inaccessible, dit-il. Pourtant, le génie est une personne à la base ordinaire qui, grâce à son engagement et à sa vision novatrice, est capable de créer un progrès majeur pour être ensuite reconnu par tous.»

Comment réveiller le génie qui sommeille en nous? Dans un premier temps, Jean-Marc Guscetti invite le lecteur à classer les personnalités qui ont marqué l’histoire de l’humanité selon le modèle comportemental du DISC. Pour rappel, cet acronyme de «dominant, influent, supporteur et conformiste» a été élaboré en 1928 par William M. Martson dans un ouvrage intitulé Les émotions des gens normaux.

Les différents types de génie
Selon ce psychologue nord-américain, les dominants se fixent des objectifs et focalisent toute leur énergie pour les atteindre. Exigeants et organisés, ils avancent aussi vite que possible vers leur but et aiment travailler dans l’urgence. Sûrs d’eux et convaincants, ils peuvent se montrer obstinés, arrogants et sourds aux points de vue divergents.


De nature extravertie, les influents sont quant à eux enthousiastes, communicatifs et démonstratifs. Ils s’adaptent facilement aux situations et à leurs interlocuteurs. Leur besoin de reconnaissance les empêche cependant de prendre clairement position et de gérer efficacement les conflits. Volubiles, interactifs et sans cesse en mouvement, ils peuvent fatiguer leur entourage. Ils rechignent à s’organiser et à respecter les règles.
En classant les génies dans l’une ou l’autre de ces catégories, un individu peut trouver le génie qui lui correspond et s’en inspirer


Les supporteurs sont maîtres dans l’art d’établir et d’entretenir de bonnes relations. Bienveillants, profondément humains et altruistes, ils ont d’excellentes capacités d’écoute et sont toujours prêts à aider autrui. Leur point faible? Il leur est difficile d’exprimer leur opinion clairement, de s’adapter aux changements et de finaliser une décision.


Les conformistes, enfin, évoluent dans un monde de précision et d’exactitude. Leur raisonnement logique se base sur des faits et s’appuie sur des règles et des principes clairs. Dotés d’un excellent esprit d’observation et d’analyse, ils sont capables d’identifier rapidement les défauts d’un projet ou d’une idée. Perfectionnistes et soucieux de la qualité, ils peuvent se perdre dans les détails et dépasser le temps imparti. Ils peuvent en outre être perçus de prime abord comme froids et critiques.


En classant les génies dans l’une ou l’autre de ces catégories, un individu peut trouver le génie qui lui correspond et s’en inspirer, assure Jean-Marc Guscetti. Les trajectoires d’Henry Ford, un génie de type dominant qui sut imposer en 1910 sa Ford T au monde entier en révolutionnant les processus de production automobile, mais aussi de Mozart (influent), de Milton Erickson (supporteur) ou encore de Léonard de Vinci (conformiste) sont ainsi détaillées afin de permettre aux lecteurs de mieux se positionner dans l’une ou l’autre des catégories DISC.


Les facteurs d’éveil
Une fois le type de génie identifié, Jean-Marc Guscetti s’intéresse aux facteurs d’éveil. Ceux-ci sont multiples et varient d’un génie à l’autre. Ainsi, si la compétition était une source importante de motivation pour le virtuose des échecs Bobby Fischer – «se mesurer à plus fort que soi a décuplé ses forces et révélé tout son génie» – la passion et la foi étaient les moteurs de Jeanne d’Arc. Trotski quant à lui avait recours à la colère. Son génie s’est d’ailleurs révélé «le jour où, dans un accès de colère et sous les bravos de la foule, il [a] déchir[é] une lettre du tsar en mille morceaux qu’il [a] jet[ée] du haut de son balcon.» Enfin, pour Dali, le facteur d’éveil n’était autre que sa muse, Gala. «Elle lui insufflait la confiance, sans laquelle il n’était rien.»


Le processus créatif des génies
Pour activer au quotidien leur créativité, les génies suivent par ailleurs des routines bien calibrées. Le réalisateur David Lynch par exemple pratique la méditation transcendantale depuis trente-trois ans à raison de deux séances quotidiennes de vingt minutes, une le matin et l’autre l’après-midi. Celle-ci lui apporte la sérénité et lui permet de «plonger dans un océan de créativité infinie», assure-t-il.


Quant à Graham Wallas, il a élaboré dès 1926 un modèle de processus créatif en quatre temps. Lors de la première étape qu’il nomme préparation, cet économiste recommande de formuler à plusieurs reprises le problème pour s’en imprégner pleinement. Suit une phase d’incubation, lors de laquelle il est nécessaire de déconnecter. En effet, l’inconscient est à même de prendre le relais et de poursuivre la recherche «à l’insu de la conscience du chercheur» en tissant des connexions invisibles. Au cours de la troisième phase, appelée illumination, le déclic survient dans un lieu improbable: sous la douche, dans la voiture ou encore au cinéma. Ainsi, c’est en assistant à la projection d’un film en salle que le professeur Jean Dausset trouva le chaînon manquant de sa théorie du complexe majeur d’histocompatibilité (qui définit la compatibilité entre donneur et receveur d’une greffe d’organe) pour laquelle il reçut le prix Nobel de médecine en 1980. La dernière étape est celle de la vérification. Le génie confronte alors son idée à la réalité – quels problèmes peuvent encore apparaître? – et s’interroge sur les différentes façons d’améliorer le concept.


Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, Le coup de génie se décline en formations pour les entreprises. Jean-Marc Guscetti propose deux modules au choix: l’un pour activer son génie créatif, l’autre pour développer ou asseoir son leadership.